Alice au pays des Merveilles

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Alice au pays des Merveilles est un film américain réalisé par Tim Burton, sorti aux Etats-Unis en mars 2010. Comme dans la majorité des adaptations de contes « traditionnels » occidentaux sortis en salle cette année-là et les suivantes 1, ce film s’inspire de l’univers du conte (ici, des deux livres de Lewis Carroll) mais en transposant l’héroïne à l’âge adulte et en retravaillant l’histoire. Alice est ici une jeune femme de l’époque victorienne demandée en mariage lors d’une réception par un jeune lord avec lequel elle n’a aucune affinité et visiblement ennuyeux comme la pluie. Elle fuit la fête, et suivant un lapin blanc portant un gilet et agitant avec agacement une montre à gousset, elle tombe dans un terrier qui l’emporte à Wonderland, où elle apprend que son destin est de tuer le Jabberwocky, un redoutable dragon, afin de mettre fin au règne de la tyrannique Reine Rouge et remettre sa sœur, la Reine Blanche, bien plus sympathique, sur le trône. L’objet du film, de façon assez explicite, est la quête d’identité et l’affranchissement des prescriptions sociales au bénéfice de ses propres choix. Ce n’est cependant pas sur cet élément que va porter mon analyse, mais sur une réflexion sur le caractère féministe (ou non) de ce film. Suffit-il de donner une épée au personnage principal féminin pour produire une fiction féministe ?

1. Les trois faces de la féminité

Dans Alice au pays des Merveilles, les personnages positifs sont pour leur majorité présentés comme fous ou du moins comme déjantés. Le ton est donné dès le début du film, lorsque le père d’Alice console sa fille d’un cauchemar par ces mots :

Alice : Père, suis-je folle ?

Père d’Alice : Oui, je crois bien que tu es totalement déboussolée, mais je vais te confier un secret, Alice, la plupart des gens bien le sont.

Les trois personnages féminins (non-anthropomorphisés) incarnent trois figures du répertoire du féminin : la jeune première, l’altruiste évaporée, l’hystérique.

1.1 Alice : faire coïncider son destin et son « chemin »

Comme évoqué en introduction, Alice au pays des Merveilles narre une émancipation : celle d’Alice, mal à l’aise avec le rôle policé que la bonne société victorienne lui impose, qui trouve à la fin du film la force de refuser d’épouser Amish, le jeune lord qui l’a demandée en mariage, grâce à son épopée à Wonderland. Ce séjour prend d’ailleurs la même forme. Dans un premier temps, Alice est ballottée d’un endroit à l’autre, elle n’est pas maitresse de son propre voyage : elle tombe dans le terrier du lapin, elle court droit devant elle pour fuir le Bandersnatch qui la poursuit, elle est miniaturisée et transportée en « chapeau » par le Chapelier fou… De plus, le but de sa présence à Wonderland (tuer le Jabberwocky) lui est imposé par un oraculaire, alors qu’Alice non seulement n’a l’intention de tuer aucune créature, mais en plus n’a jamais entendu parler dudit Jabberwocky. Bref, dans la première partie du film, Alice n’est pas libre de ses mouvements ni de son avenir. Cependant, comme c’est une adaptation moderne du conte, elle décide de « tracer son chemin ». En effet, alors que le Chapelier a enjoint Alice à rejoindre la Reine Blanche, Alice refuse de suivre cette direction et demande à Balard (un chien dont la famille est retenue par la Reine Rouge 2) de l’emmener au château de la Reine Rouge afin de sauver le Chapelier fou, emprisonné par cette dernière. Elle déclare alors à cette occasion « le chemin, c’est moi qui le tracerait ». Le film met donc en scène une opposition entre le « destin » imposé à Alice (qui voudrait qu’elle consacre toute son énergie à se préparer à exécuter le Jabberwocky) et le « chemin » librement choisi. Cependant, le caractère « émancipateur » de cette épopée est ambigu : de même qu’Alice accepte de devenir le champion de la Reine Blanche et de tuer le dragon ; elle décide, une fois revenue en Angleterre, de reprendre l’entreprise de son père et de mettre en œuvre son projet d’étendre ses activités commerciales vers l’Asie. Bref, Alice trace son propre chemin, mais seulement dans la direction qu’on a tracée pour elle, et sous l’égide de mentors masculins (le Chapelier fou et Absolem la chenille 3, son père).

Alice est un personnage féminin positif « classique » : altruiste, elle se préoccupe des autres (par exemple, elle délivre un hérisson qui sert de boule de croquet à la Reine Rouge) et parvient à s’attirer l’affection de tout le monde (y compris du terrible Bandersnatch, qui l’aide à fuir le palais de la Reine Rouge après l’échec de sa tentative d’évasion du Chapelier fou). C’est d’ailleurs par compassion pour les habitant-e-s de Wonderland qu’Alice accepte d’aller contre son refus initial et de tuer le Jabberwocky.

Si elle endosse des attributs masculins (l’épée et une armure) pour combattre le dragon, cette inversion du genre dans l’apparence ne se fait qu’à la fin du film (et va de pair avec une longue chevelure dénouée). De plus, le fait de brandir une épée ne semble pas aller de pair avec un désir de maitriser cet outil puisqu’Alice semble la manipuler avec facilité lors de son combat contre le dragon, mais elle n’est pas représentée à l’écran en train d’apprendre à la manier. Le reste du temps, l’apparence d’Alice tient de la féminité discrète. Ainsi, si elle porte différentes robes au cours de son périple, et suivant ses changements de taille, elle n’incarne pas pour autant une féminité ostensible (pas de maquillage, refus de porter le corset évoqué au début du film, ses vêtements ne dévoilent ni sa poitrine ni ses cuisses et ne sont pas ajustés près du corps).

Bref, Alice est un personnage doté de qualités morales et intellectuelles 4, qui décide d’infléchir le destin qu’on tente de lui imposer afin de tracer le chemin qui procurera à autrui et à elle-même le plus de bien-être.

1.2 Les deux Reines : la femme bonne et l’hystérique

Les deux Reines ont en commun d’incarner deux féminités ostensibles (en témoignent leurs robes et leurs maquillages prononcés). Cependant, elles constituent deux faces de la féminité : la « bonne » et la « mauvaise ».

La Reine Blanche, personnage positif de l’histoire, est paradoxalement rapproché des femmes de la société victorienne (celle-là même qui est dépeinte comme ridicule au début du film), dans la mesure où ses qualités la renvoient à un idéal traditionnel de féminité : douceur et grâce, bien qu’outrées, puisqu’elle se déplace à petits pas, fait des tours sur elle-même sans raison, se tient avec les bras levés à l’horizontal qu’elle laisse osciller, elle parle d’une voix douce… Elle fait également preuve d’empathie et d’altruisme : elle refuse de faire du mal à un autre être vivant, dans un passage où elle se promène avec sa cour elle s’enquiert du moral des arbres et demande à ses courtisans de leur parler gentiment. Plus largement, elle est dépeinte par sa sœur, la Reine Rouge, comme disposée à susciter l’amour. Elle se révèle également sorcière (mais une gentille, hein), puisqu’elle sait préparer des potions. Bref, la Reine Blanche est dépeinte comme une femme douce et gentille, passive (elle attend qu’Alice la débarrasse du règne de la Reine Rouge plutôt que de chercher à la renverser elle-même), mais aussi hypocrite (puisqu’elle demande à Alice de faire quelque chose qu’elle refuse de faire elle-même en raison de ses principes, à savoir tuer le Jabberwocky).

A l’inverse, la Reine Rouge incarne une « mauvaise » féminité. Tyrannique (elle vit dans le faste pendant que ses sujets souffrent), hystérique (elle s’emporte facilement et crie régulièrement d’une voix aigue « qu’on lui coupe la tête ! »), stupide (elle ne reconnait pas Alice en version « grandie »), mais également vaniteuse (le Chapelier fou parvient à gagner ses faveurs en flattant la taille de son chef), jalouse (elle ordonne qu’on exécute Alice parce qu’elle aurait séduit le Valet) et cruelle (elle menace de tuer et de manger la famille du valet qui a mangé une part de sa tarte) ; elle a tout pour déplaire. De plus, son environnement (son château) la renvoie à la stérilité (il est implanté dans un terrain désertique) et la dépeint comme « tordue » (les tours sont de guingois ; les embrasures de porte, le mobilier, la décoration, etc., sont en forme de cœur). A l’inverse, le palais de la Reine Blanche se caractérise par sa droiture et sa symétrie, et le jardin est florissant. Enfin, puisque c’est une méchante, elle ne peut pas être aimée : son seul allié et son amant, le Valet, la trahit lorsqu’elle est détrônée et demande à rejoindre le camp des gagnants.

Bref, bien que l’idéal de féminité traditionnel semble disqualifié par le début du film (dans la mesure où Alice, l’héroïne, refuse de se plier aux exigences sociales qui imposent aux femmes de porter un corset et où les femmes de la réception sont ridicules), les qualités qui y sont associées sont se rencontrent chez deux personnages féminins importants (l’altruisme, la grâce). Ainsi, le film a beau mettre en scène une femme « forte » (et un personnage secondaire féminin belliqueux et maniant l’épée), les personnages féminins font écho à des images traditionnelles du répertoire du féminin dans les représentations, ce qui semble un peu réducteur.

2. Les hommes, détenteurs de la sagesse

De façon toute aussi attendue, ce sont les personnages masculins de la série qui détiennent le savoir, mais aussi qui donnent à Alice les clefs de sa propre émancipation 5.

Ainsi, deux personnages masculins importants jouent le rôle de mentor auprès d’Alice. Ainsi, le père d’Alice, bien que mort pendant le déroulement de l’intrigue, n’en continue pas moins à inspirer sa fille d’outre-tombe et à lui donner sa « force ». En effet, alors qu’elle est à Wonderland, Alice puise l’inspiration dans les paroles de son père afin de réconforter le Chapelier (en lui répétant la phrase « la plupart des gens biens sont fous » mais aussi de rassembler le courage de tuer le Jabberwocky (en reprenant la méthode de son père qui consiste à « admettre six choses impossibles »). De plus, il lui a transmis son ambition, comme le montre la scène finale où Alice convainc les associés de son père de mettre en place le projet de son père d’étendre les activités commerciales de l’entreprise en Asie. Il s’oppose en cela aux femmes anglaises qui tentent de convaincre Alice de se cantonner au rôle d’épouse et de se conformer aux convenances sociales (vestimentaires 6, en termes d’attitude…).

De même, le Chapelier fou est le personnage qui révèle à Alice son destin à Wonderland. Il la pousse à se dépasser en lui affirmant qu’elle a perdu la « plussoyance » qu’elle avait quand elle était enfant. Echo de la figure paternelle à Wonderland, il la pousse à endosser la charge qui lui a été impartie en lui parlant des souffrances du peuple sous le règne de la Reine rouge et la protège. Il est également ingénieux : il est mis en scène sauvant sa peau en flattant la taille de la tête de la Reine rouge et en proposant de lui faire des chapeaux, il aide Alice à s’enfuir en ralentissant ses adversaires en jetant sur eux des parfums et des rouleaux de tissu, lors de son exécution publique il parvient à retourner la foule contre la Reine par un discours édifiant. De façon secondaire, il se révèle également étonnamment chevaleresque puisque dans la bataille finale, il entame un duel à l’épée contre le Valet et épargne ce dernier lorsque le Chapelier remporte l’affrontement. Un homme accompli, en somme.

Plus secondaires, mais néanmoins essentiels dans l’accomplissement de la quête d’Alice, Absolem la chenille révèle à Alice son destin en lui montrant l’oraculaire et l’aide à accepter ce dernier en lui soumettant des phrases sibyllines et le Lapin blanc informe Alice de la localisation de l’épée avec laquelle elle est censée tuer le Jabberwocky.

Bref, les personnages masculins positifs semblent les uniques détenteurs du savoir, qu’ils condescendent à transmettre au personnage principal féminin pour le bien de l’accomplissement de sa mission. Ils s’opposent au seul personnage masculin qui constitue un opposant, le Valet, qui se caractérise par sa force physique et son opportunisme. Le fait que ce dernier soit désavoué semble signaler un discrédit dans ce film des attributs masculins traditionnels (la force physique, incarnée par le Valet) au profit de ceux des attributs masculins des classes supérieures (intelligence).

Ainsi, bien certains des personnages endossent des attributs traditionnels de l’autre sexe (Alice et le loir portent l’épée, le Chapelier fou se soucie de son apparence et de ses vêtements), Alice au pays des merveilles témoigne d’un certain conservateur en termes de rôle de genre : les femmes y sont altruistes ou hystériques, les hommes détiennent le savoir.

3. Le postféminisme 7 : un impératif des adaptations filmiques contemporaines ?

Comparons Alice au pays des merveilles et la série Once upon a time in Wonderland, deux adaptations contemporaines des œuvres de Lewis Carroll.

Elles ont en commun de mettre en scène deux Alice « fortes », ingénieuses, altruistes et qui manipulent l’épée. De même, elles sont toutes les deux représentées comme en décalage avec la société victorienne dans laquelle elles évoluent : trop excentriques, trop indépendantes, trop peu désireuses de se marier avec un respectable lord britannique. Elles en ont trop vu à Wonderland pendant leur enfance pour « rentrer dans le moule ». Elles sont mises en scène dans une féminité sans outrance : elles portent des robes, mais ces dernières ne sont pas affriolantes, elles sont maquillées de façon discrète, leurs cheveux sont coiffés simplement ; contrairement à la Reine rouge qui dans les deux adaptations font preuve de beaucoup de recherche dans leur travail de parure. Cependant, là où l’Alice de Once upon a time in Wonderland maitrise parfaitement l’épée qu’elle porte et s’en sert pour se sortir de situations périlleuses, l’Alice du film de Tim Burton ne devient un chevalier qu’à la toute fin du film et ne s’en sert que pour accomplir sa mission. Plus largement, si la première choisit librement sa quête (celle de sauver son amoureux), la seconde se la voit imposer par un oraculaire. Elles ont cependant en commun de voir leur quête/leur destin étroitement lié-e à leur relation aux hommes de leur vie : leur père, leur petit ami dans le cas de Once upon a time in Wonderland, le Chapelier fou et Absolem dans le cas d’Alice au pays des Merveilles.

De même, dans les deux adaptations, la Reine rouge, la « méchante », est présentée comme vivant dans le faste au détriment du peuple, elles sont cruelles, superficielles et vaniteuses, et incapables de connaitre une histoire d’amour sincère. Ce sont d’ailleurs les dispositions généralement prêtées aux méchantes dans les adaptations récentes de contes de fée 8. Certes, elles ne sont pas « nées » méchantes, elles le seraient devenues à cause d’autres femmes : sa mère dans le cas de la Reine rouge dans Once upon a time, sa sœur dans le cas de celle d’Alice au pays des merveilles. Cependant, si la première s’amende et rejoint le camp des « gentils » grâce à l’amour, la seconde est présentée comme « ontologiquement » méchante. C’est normal, elle est jalouse, et c’est pas beau. De plus, si la première dispose de compétences et d’aptitudes (elle maitrise la magie), la seconde ne règne que grâce au Jabberwocky. Ainsi, si elles se maintiennent au pouvoir grâce à la terreur et au détriment du peuple, la Reine rouge de Once upon a time in Wonderland y parvient par son habileté politique et un savoir qu’elle a appris à maitriser, celle d’Alice au pays des merveilles est dépendante d’une créature surnaturelle pour y arriver.

De façon secondaire, on peut souligner le poids de la figure maternelle dans l’incarnation de l’oppression victorienne. Ainsi, la mère d’Alice dans Alice au pays des merveilles et sa belle-mère dans Once upon a time in Wonderland enjoignent l’héroïne à se conformer davantage aux canons vestimentaires imposés aux femmes et plus largement à avoir un comportement plus convenable, et à se marier avec un homme respectable pour « rentrer dans le rang ».

 

Cependant, en ce qui concerne l’intrigue, elle est très différente dans ces deux adaptations. Once upon a time in Wonderland met l’accent sur les choix individuels et l’opposition entre l’amour romantique et la recherche de pouvoir. A l’inverse, Alice au pays des merveilles explore la question de la quête d’identité personnelle et l’opposition entre la justice et la tyrannie. Cela se traduit dans la série par la mise en scène de personnages faisant preuve d’une grande autonomie, nouant et dénouant des alliances au gré de leurs intérêts ou de leurs affinités, causant parfois leur propre perte. Dans tous les cas, les personnages choisissent leur propre destin, ils ne sont déterminés que par leurs relations amoureuses (romantiques ou familiales). A l’inverse, dans le film, les personnages prennent peu d’initiatives, ils se cantonnent dans une attitude passive, qui consiste à attendre le jour où la bataille finale aura lieu. Il ne s’agit pas de forger son propre destin, de faire ses propres choix. Ainsi, le parcours d’Alice à Wonderland consiste en l’acceptation du destin qui lui a été imposé et les actions des personnages secondaires qui sont ses adjuvants à la convaincre d’accepter et à l’aider dans sa quête. De même, la Reine rouge ne met en place aucune action pour se maintenir au pouvoir, à part en chargeant le Valet de retrouver Alice et de la mettre sous les verrous.

Ainsi, si ces deux adaptations ont en commun de mettre en scène des héroïnes « postféministes » (c’est-à-dire « fortes », ingénieuses, maniant l’épée, faisant leurs propres choix, et à ce titre en décalage avec la société victorienne), elles ne semblent pas pour autant dépourvues de certains stéréotypes de genre. Ainsi, en ce qui concerne le personnage principal, il se caractérise avant tout par son altruisme et sa capacité à se mettre au service des autres. De plus, leurs compétences et leur autonomie leur viennent de l’exemple ou de l’enseignement de personnages masculins. Enfin, en dépit des merveilleuses aventures vécues par ces deux jeunes femmes à Wonderland, l’intrigue se traduit par une fin sanctifiant le retour à l’ordre : dans Alice au pays des merveilles, Alice fait un choix relativement audacieux pour l’époque (travailler dans une entreprise) mais marche dans les traces de son père (en s’investissant dans son affaire et en reprenant ses projets) et dans Once upon a time in Wonderland elle s’épanouit dans une vie de famille apparemment sans histoire. De même, l’opposant féminin, la Reine rouge, incarne dans l’une et l’autre des adaptations un personnage relativement stéréotypé. De façon secondaire, on peut également souligner le caractère stéréotypé des personnages secondaires féminins de l’Angleterre victorienne, qui poussent Alice à « rentrer dans le rang ».

 

1. Les nouvelles adaptations de contes de fée sont-elles vraiment féministes ?

2.On peut noter une communauté de situations entre le Lapin de Once upon a time in wonderland et Balard de Alice au pays des merveilles, qui sont tous les deux contraints d’obéir à la Reine rouge parce que leur femme et leurs enfants sont retenues par elle.

3. Là où la Reine Blanche se contente d’attendre qu’Alice vienne à elle pour la supplier d’accepter de tuer le dragon.

4.  Elle est ingénieuse, comme en témoigne le passage où elle parvient à s’attirer les faveurs de la Reine rouge en inventant qu’elle a été exclue de son royaume d’origine parce qu’elle était trop grande (après avoir pris du « gigacake »). Or, ladite Reine souffre de sa tête disproportionnée et s’entoure de courtisans qui semblent également souffrir d’un membre d’une taille démesurée.

5.  Même mécanisme dans le film Contact, par exemple.

6. Ainsi, au début du film, la mère d’Alice lui reproche de ne pas porter de corset. On retrouve ainsi une répartition des rôles parentaux parfois mis en scène dans des films récents mettant en scène un passé supposé lointain et dépassé : les mères sont celles qui restreignent leurs filles (et tentent de les obliger à porter des vêtements contraignants et d’accepter d’épouser un bon parti, coûte que coûte), les pères sont plutôt sympas. Voir cet article sur Rebelle. Notons cependant que cette opposition est à peine esquissée dans Alice au pays des merveilles.

7. J’emploie ici le terme « postféminisme » plutôt que « féminisme » car le premier semble mieux rendre compte de ce qui est en jeu dans les adaptations récentes de contes de fée ou œuvres traditionnelles occidentales de l’imaginaire enfantin. En effet, ces adaptations ont pris acte de l’imprégnation dans les mentalités de certaines revendications et idéaux féministes, notamment en ce qui concerne le refus de figures féminines passives et le scénario traditionnel de la demoiselle en détresse délivrée par le prince charmant. Elles mettent en scène des héroïnes « fortes », qui manient les armes et sont le moteur de l’action. Cependant, cette intégration de certains éléments de pensées féministes reste superficielle, en mettant en scène des personnage secondaires stéréotypés et en confiant l’enseignement au personnage féminin principal des outils de son émancipation à un homme.

8. Les nouvelles adaptations de contes de fée sont-elles vraiment féministes ?

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