L’insoutenable culpabilité de l’être

Être en surmenage c’est se mettre de plus en plus d’œillères, on croit regarder résolument vers l’avant mais on apprend progressivement à ne plus rien voir.

Je découvre à quel point mon monologue intérieur est un écho de honte : même si je n’entends jamais « je suis nulle », ces mots résonnent profondément sous la souffrance. J’ai appris à partir du principe que j’avais probablement tort, probablement fait quelque chose de mal ou de travers, que je n’étais pas à la hauteur, que je ne faisais pas assez, pas assez bien, pas assez vite, dans tous les domaines de ma vie : études et travail, vie quotidienne, relations personnelles, etc. Cette conviction était sans cesse confirmée par la réalité, puisque je ne voyais jamais ce qui allait bien. J’ai appris à jongler avec toujours plus de balles, sans jamais en laisser tomber aucune, parce que l’échec ou l’erreur n’étaient pas acceptables. J’ai appris à anticiper et planifier méticuleusement pour ne rien laisser passer, et je culpabilisais quand quelque chose m’échappait. Et comment aurait-il pu en être autrement ?
J’apprends à déconstruire la honte dans mes relations amoureuses. Trop souvent je suis partie du principe que l’état émotionnel de mon ou ma partenaire dépend de moi, de mes actions, de ma capacité à être « bonne », trop souvent je suis partie du principe que je dois juste faire un peu plus d’effort. Il n’y avait pas de peau entre moi et mon ou ma partenaire. J’apprends à raisonner en relatif. J’apprends que ce n’est pas à moi de faire le bonheur de maon partenaire. J’apprends à enlever les œillères. Parfois, ce n’est pas à propos de moi. Parfois, ce n’est pas de ma responsabilité. Parfois, ça ne dépend pas de moi. Souvent, la culpabilité ment.

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